Un autre espace temps
Ils avaient souvent tremblé en pensant à leur futur, ils appréhendaient le moment où leurs corps seraient nus, sans protection face à la pluie, au vent, au froid, et surtout sans couleur, ternes, sombres, invisibles au mieux, peut-être même hideux.
Chaque année, ils priaient pour retrouver le vert de leur feuillage, le bruit du vent qui jouait avec leurs rameaux, la caresse des feuilles sur leur tronc.
Leur prière fut entendue, ils se réveillèrent un matin vert et jaune. La silhouette de la tour au loin sur la colline les rassurait toujours, ils n’avaient pas changé de monde, du moins de planète.
Le ciel était lumineux comme s’il était un soleil à lui tout seul. Même l’air était vivant, animé d’un mouvement régulier, brise réparatrice qui semblait apporter énergie aux écorces blessées et érodées.
Ils eurent du mal à retrouver leurs esprits, à discerner ce babillement, à croire en sa réalité. Ce n’étaient pas leurs compagnons habituels, moineaux, corbeaux, qui les avaient choisis comme refuge, mais des familles de toucans, rouge, jaune, bleu, vert, blottis tendrement aux creux de leurs branches dénudées, comme des bouquets colorés.
Ce n’était pas un autre monde, mais un autre espace temps.
Au même moment, en Floride, starship 10 réussissait son retour sur terre.